Les frères Koch se lancent à la conquête du vote latino. David et Charles Koch, rappelons-le, sont ces milliardaires libertariens du Kansas, quatrième fortune américaine selon le magazine Forbes, principaux soutiens financier du Tea Party, ennemis jurés de Barack Obama, qui s’attaquent au gouvernement, aux démocrates mais aussi aux républicains modérés, à travers une myriade d’organisations "sans but lucratif" – comme Americans for Prosperity- entièrement dévouées à leurs idées d’extrême droite.
Nouvelle étoile de cette galaxie de fondations : The Libre Initiative, une association dont le but est "d’informer la communauté hispanique des avantages d'un gouvernement limité, de la primauté du droit, et des bienfaits de la libre entreprise" et qui promet d’organiser "des événements communautaires et de lancer des initiatives politiques destinées à protéger la liberté économique".
Leur site est presque entièrement dédié à l’"Obamacare", la réforme honnie de l’assurance-santé, une invention "socialiste" qui va faire des américains des "accrocs aux subventions".
L’idée, à quelques mois des élections de mi-mandat, est de mobiliser les Latinos conservateurs que les républicains ne font rien pour séduire. "Et si nous changions radicalement de stratégie ?" se demande l’un des articles du site. "Que se passerait-il si les conservateurs bouleversaient leurs priorités et concentraient leurs ressources et leur attention sur la communauté latino, à une échelle inédite ?"
Il ne se passerait pas grand-chose, tout du moins pas d’ici novembre, car les Hispaniques sont très remontés contre les républicains. Fin juillet, ces derniers ont prolongé d’un jour la séance parlementaire de la Chambre des représentants pour voter deux projets de loi anti-immigration : l’une cherche à accélérer le rapatriement des mineurs clandestins d’Amérique centrale qui, depuis un an, submergent les services d’immigration.
L’autre gèle le financement du programme adopté il y a deux ans par le gouvernement Obama (DACA ou Deferred Action for Childhood Arrivals) qui permet à quelques deux millions de jeunes clandestins d’éviter de se faire expulser, une mesure dont la popularité avait permis au président américain de verrouiller le vote hispanique et de s’assurer la réélection en 2012.
Les mesures symboliques ne seront pas entérinées par le Sénat, majoritairement démocrate, mais elles lancent un message de fermeté destiné à l’électorat conservateur. C’était le but. Les républicains, se demandait récemment le New York Times, ont-ils abandonné tout espoir de conquérir le vote latino pour vendre leur âme au Tea Party ? Il leur sera en tout cas impossible de remonter les sondages d’ici l’automne. Selon Latino Decisions, 68 % des Latinos désapprouvent les initiatives républicaines en matière d’immigration.
Les démocrates n’ont pas de quoi se réjouir, la même enquête indique que seuls 49 % des Hispaniques estiment que le gouvernement fait mieux. Voyant cet électorat lui échapper, Barack Obama a décidé d’agir. Fin juin, il a annoncé son intention de légiférer par décret sur le dossier de l’immigration. Il annoncera ses nouvelles mesures à son retour de vacances.